Blockchain : Les grands domaines d’application (1/2)
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Blockchain : des promesses enfin concrétisées ?

Depuis son essor en 2008 avec son application la plus connue, le Bitcoin, la technologie blockchain a suscité beaucoup d’espoirs, beaucoup de hype. Tout en étant sur la bouche de tous depuis 2010, la technologie, annoncée comme disruptive et porteuse d’un bouleversement de l’économie, reste encore très complexe à appréhender et, par conséquent, certaines applications peinent à s’affirmer.

Au cours des cinq dernières années beaucoup de projets ont vu le jour, mais quelles solutions sont réellement passées au stade opérationnel ? La pandémie a entraîné à la fois une accélération et une décélération, selon le type de projet de blockchain.

Un tour d’horizon sur quelques cas d’usage dans un panel de domaines.

DeFi & SMART CONTRACTS

Quoi que DeFi soit aujourd’hui un terme très à la mode, la finance décentralisée en tant que système alternatif fondé sur les technologies blockchains et les crypto monnaies, était déjà née avec le Bitcoin. Le mouvement de la Decentralized Finance rejoint l’ambition originelle de Satoshi Nakamoto : proposer un système financier décentralisé, sans intermédiaire, autorité centrale ou tiers de confiance (ce que sont les banques traditionnelles). La DeFi fonctionne aujourd’hui essentiellement sur le protocole Ethereum qui utilise un système de contrats intelligents pour exécuter des scripts sur la blockchain, permettant d’établir de façon automatique des ententes complexes et inaltérables entre différentes entités.

Les contrats intelligents

Les smart contracts, ou contrats intelligents, sont des programmes informatiques irrévocables, le plus souvent déployés sur une blockchain, qui exécutent un ensemble d’instructions pré-définies. L’idée maîtresse derrière ce concept de smart contracts est de garantir la force obligatoire des contrats non plus par le droit, mais directement par le code informatique. Comme pour chaque programme informatique, la complexité est variable d’un contrat intelligent à l’autre. Certains implémentent des conditions simples, à l’image d’une fonction « si » Excel (si telle condition est remplie, alors le contrat est exécuté – “if this then that” pour les intimes) alors que d’autres smart contracts sont de véritables usines à gaz. A titre d’illustration, certains contrats intelligents ont même pour ambition de répliquer toutes les clauses et les règles permettant à des sociétés (commerciales ou non) de fonctionner. On parle souvent à ce propos de DAO, acronyme pour Organisation Autonome Décentralisée. Il est à noter que bien souvent, la complexité est l’ennemie de la sécurité.

Source : https://bitconseil.fr/smart-contract-contrat-intelligent/

 

De nombreux projets et services ont été lancés dans le monde de la DeFi, mais les plus populaires à l’heure actuelle sont sans doute les plateformes d’emprunt et de prêt telles que Avae (Angleterre) et Compound (son équivalent américain): des protocoles de marché monétaire open source, non dépositaire, sur Ethereum qui permettent de percevoir des intérêts sur les dépôts et les emprunts de ETH (la cryptomonnaie Ethereum) ou tokens. Obtenir un prêt “flash” sans discuter avec un tiers ? Avec la blockchain, ce serait possible.

Mais les tiers de confiance, que la blockchain cherche à bypasser, évoluent au moyen de cette même technologie. Un système appelé Corda, aujourd’hui utilisé par 85% des banques en Italie, a été développé par R3, entreprise pionnière dans la transformation numérique des industries, afin de proposer une solution pour accélérer les processus de double contrôle des registres de transactions, ainsi que faciliter le partage des données dans un soucis de transparence. Des transactions nécessitant de 30 à 50 jours pour être validées, peuvent être accomplies en un jour grâce à la blockchain.

AXA, en précurseur dans le marché de l’assurance, avait essayé de s’approprier de la blockchain en proposant en 2017 une offre baptisée Fizzy, développée avec la fintech Utocat, qui permettait de déclencher automatiquement une indemnisation suite au retard d’un vol. N’ayant vendu qu’une centaine de polices, Axa abandonne le projet 2 ans après.

LOGISTIQUE & TRACABILITÉ

Engagé dans la traçabilité alimentaire depuis 2016, Carrefour, s’est allié en 2019 au groupe technologique IBM, en choisissant sa plateforme Food Trust. Le géant de la distribution garantit, grâce à la technologie blockchain, une traçabilité sécurisée et infalsifiable sur une quinzaine de produits “FQC” (Filière Qualité Carrefour). Des QR codes sur les paquets des produits permettent aux consommateurs d’en connaître la provenance ainsi que le parcours, mais aussi le nom du producteur, la ferme et durée d’élevage, la date d’empaquetage et d’autres informations très pointues (comme la densité de l’eau dans laquelle des saumons ont été élevés).

D’ici à 2022, la blockchain alimentaire devrait être généralisée à une centaine de produits FQC dans plusieurs pays, un engagement Act For Food. À ce sujet, l’expert italien Luca Comparini, responsable blockchain IBM France, souligne comment la blockchain puisse valoriser des données déjà stockées auprès des clients, incitant un passage du marketing de la promesse au marketing de la transparence. La chaine Metro s’est engagée aussi en 2020 dans la certification du flux de ses palettes à l’aide de la blockchain, et Bayer vient de lancer TraceHarvest, une solution blockchain pour assurer la traçabilité du cycle de vie de produits agricoles.

Pour des industries spécialisées dans la production de produits rares et précieux, comme le whiskey écossais, la blockchain pourrait apporter une solution face aux risques de contrefaçon et fraude: l’Université de Glasgow a récemment signé un accord avec Everledger, spécialisée dans la traçabilité de diamants et autres produits de luxe, dans le but de garantir l’authenticité du spiritueux trésor national.

>> Voir la note de veille au sujet de la contrefaçon sur le marché des vins et spiritueux

Cette démarche d’authentification commence aujourd’hui à s’appliquer aussi aux diplômes. Le MIT, en répondant a une forte demande des recruteurs et de candidats utilise la blockchain pour certifier les diplômes obtenus par ses étudiants depuis 2018. Le ministère de l’Éducation du Vietnam ainsi que deux lycées italiens commencent à suivre, et des plateforme comme BCDiploma (une startup française lancée début 2018 en partenariat avec l’incubateur Chain accelerator, racheté cette année par ON-X, et l’université Paris Descartes entre autres) et Accredible (États Unis) sont proposées afin de garantir l’authenticité de diplômes et certifications.

GOUVERNEMENT & ADMINISTRATION

Et si la blockchain était aussi un outil pour la gouvernance? C’est en Roumanie que la technologie a été déployée durant les dernières élections parlementaires nationales en novembre de cette année afin de garantir l’intégrité du processus électoral et de renforcer sa transparence.

Un pays voisin, l’Estonie, est d’ailleurs très avancé en solutions de e-gouvernement (le 99% des services publiques sont accessibles en ligne) ayant décentralisé son administration par la création, en 2000, de la plateforme d’État X-Road permettant à plusieurs systèmes d’informations d’échanger.

La technologie a aussi participé au débat autour des dernières élections américaines, marquées par les accusations de fraude de la part de l’ancien président Donald Trump, grâce à l’agence de presse américaine Associated Press (AP) qui a utilisé les blockchains comme l’Ethereum et l’EOS pour enregistrer et publier les résultats des bulletins.

Si une information aussi importante qu’un vote électoral peut donc être mise en sécurité par l’immuabilité de la blockchain, la modalité de vote par une application mobile, comme la plateforme de vote en ligne Followmyvote, est difficile à concevoir et accepter pour certains. Par exemple, le député Jean-Michel Mis craint qu’une telle évolution pourrait remettre en cause la culture du secret du vote, et miner la participation citoyenne des Français.

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ART & MUSIQUE

Des applications de la blockchain essaient de transformer le secteur culturel afin de sécuriser le marché de l’art et ainsi protéger les artistes aussi bien que les propriétaires d’œuvres et les institutions muséales. Par exemple, Arteïa essaie de combler le manque d’outils numériques dédiés à la gestion de collections proposant aux collectionneurs de recenser sur la plateforme, de manière immuable et incorruptible, des informations confidentielles sur leurs œuvres, comme leur valeur ou leur emplacement. À terme, la startup qui, en 2018 avait déclaré une valorisation à 15 millions d’euros, espère pouvoir rivaliser avec les maisons d’enchères traditionnelles, en permettant aux amateurs de vendre ou d’acheter des œuvres sur la plateforme en évitant les commissions habituelles.

De même Art Rights de l’italien Andrea Concas et le Blockchain Art Collective (US), proposent des solutions pour faciliter l’authentification, le suivi et le management d’œuvres d’art, ainsi que la mise en relation entre professionnels, catalysant de nouvelles dynamiques économiques et gestionnaires dans le marché de l’art.

Du coté de l’industrie musicale, si normalement un musicien doit attendre entre six mois et un an avant de recevoir le paiement de ses royalties, grâce à des smarts contrats, les artistes peuvent suivre leurs droits en temps réel et être rémunérés automatiquement dès que leur œuvre a été consommée, bénéficiant ainsi d’une meilleure protection et rétribution aussi bien que de plus de liberté et indépendance. C’est ce service que propose la plateforme Emanate.

En 2017, Spotify (qui pourrait accepter à l’avenir des paiements en crypto-monnaies par ses abonnés) avait déclaré dans un communiqué, depuis retiré sans explications, le rachat de la startup MediaChain afin de mieux identifier et mieux calculer les revenus à attribuer aux artistes. Depuis, des projets comme UjoMusic (une plateforme basée sur l’Ethereum où les artistes peuvent télécharger des œuvres originales, contrôler les options de licence et gérer les distributions), ANote Music (marché européen de l’investissement dans les royalties musicales) et Fenix (plateforme où les fans peuvent supporter des artistes indépendants à travers l’achat en tokens de billets de concert ou merch) ou Utopia Genesis Foundation (simplification du paiement des droits d’auteur grâce à la blockchain pour redonner plus de pouvoir aux artistes) ont vu le jour.


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novembre 29, 2024