Une étude publiée en janvier 2017 par le Cabinet Gartner évalue à 8 milliards le nombre d’objets connectés à ce jour de par le monde. Selon les spécialistes de la question, en 2020 c’est plus de 20 milliards d’objets connectés qui pourraient être mis en circulation montrant ainsi que la 4ème révolution industrielle est bien en marche.
Toujours selon le cabinet, nos maisons concentreront une très grande partie de ces objets connectés. Si les objets liés à la sécurité seront nombreux (caméra, serrures connectées), la domotique sera le premier pourvoyeur d’objets connectés avec 3,5 milliards d’objets connectés ainsi attendus en 2020 contre “seulement” 1,4 milliards en ce qui concerne la santé.
Le principal défi lié à cette prolifération annoncée concernera la capacité des acteurs à gérer les échanges entre tous les objets en circulation. Ainsi, grâce à des ondes de courtes (NFC, Bluetooth), moyennes (Wifi, Bluetooth Low Energy), ou longues (4G, 5G, réseaux bas débit) tous les objets présents dans la maison vont pouvoir communiquer et s’échanger des informations sur la gestion quotidienne. Ils seront également en mesure de vendre ou d’échanger en temps réel de la donnée, mais aussi de l’espace de stockage, de l’énergie et de la capacité de calcul ! Ce pose alors la nécessaire question de l’interopérabilité des protocoles de communication, donc des standards utilisés par les différents acteurs de l’industrie des internet des objets. Mais plutôt que confier la gestion de ce standard à un organe centralisateur qui organiserait les échanges entre les objets (ce qui deviendrait ingérable vu la quantité de données en jeu), une alternative consiste à décentraliser la procédure et à la confier à un ensemble d’acteurs.
1- Tangle : la blockchain sans la blockchain
Le protocole Blockchain pourrait naturellement être celui qui organiserait efficacement les échanges entre l’ensemble des objets connectés dans un système distribué et sécurisé.
L’Allemand slock.it utilise la blockchain Ethéréum pour mettre en place des smart contracts entre des objets. Par exemple, entre un smartphone et une serrure connectée dans un hotel. Or, Blockchain comporte trop de faiblesses (cf ci-dessous) pour pouvoir organiser concrètement ces échanges, faiblesse auxquelles répond la technologie Tangle basée sur le modèle du graphe orienté acyclique tiré de la Théorie des graphes.
Le Tangle repose sur les mêmes principes que la blockchain :
- une base de données distribuée,
- un réseau peer to peer
- un mécanisme de consensus et validation.
Cependant, avec Tangle, il n’y a pas de “bloc” au sens classique de la blockchain. A la place, chaque transaction fait référence à deux transactions passées. La réalisation d’une transaction est considérée comme une approbation de deux autres transactions : chaque transaction approuve directement deux transactions et indirectement qu’une sous-section du Tangle est valide et conforme aux règles du protocole.
Au lieu qu’un petit sous-ensemble du réseau soit responsable du consensus général (les mineurs dans le cadre de la blockchain), l’ensemble du réseau de participants actifs (c’est-à-dire les objets connectés réalisant des transactions) est directement impliqué dans l’approbation des transactions. Le consensus avec tangle n’est plus dissocié du processus de transaction : c’est une partie intrinsèque de celui-ci.
Organisation du réseau décentralisé selon le protocole Blockchain (à gauche) et Tangle (à droite)
2- La cryptomonnaie IOTA : un rouage essentiel de l’économie Machine-to-Machine
La relative facilité d’utilisation de Tangle permet de faire de ce protocole d’échange décentralisé le parfait canevas sur lequel les objets connectés vont pouvoir s’échanger données, énergie et autres informations. Ce protocole a été imaginé en 2015 par David Sonstebo, Sergey Ivancheglo, Dominik Schiener et Dr. Serguei Popov qui ont créé IOTA une cryptomonnaie qui permet les microtransactions sans frais et instantanées entre les machines dans l’environnement de l’internet des objets. Contrairement au Bitcoin et à la plupart des cryptomonnaies, les unités de IOTA existent déja (2.779.530.283 au total), la devise ne repose donc pas sur le système de minage.
IOTA permettrait de répondre à toutes les problématiques de l’internet des objets dans la majorité des secteurs d’activités concernés
IOTA répond aux limites opposées aux autres cryptomonnaies et à la technologie blockchain:
La scalabilité : nous l’avons déjà dit, étant donné que chaque transaction requière de l’expéditeur qu’il vérifie deux autres transactions sur le Tangle, plus de transactions peuvent être confirmées à mesure que le nombre d’utilisateurs les envoyant augmente. Cela signifie que IOTA scale proportionnellement au nombre de transactions réalisées à l’infini. La blockchain a l’inverse est victime de son succès. Plus de monde utilise la blockchain plus la taille des blocs augmente congestionnant un peu plus le réseau.
L’absence de frais de transaction : l’un des atouts majeurs que présente cette cryptomonnaie est qu’elle peut être utilisée pour les micros et nano transactions car elle nécessite un coût très faible. Parce que IOTA parvient à un consensus sur la validité des transactions sans impliquer de mineur, il n’y plus de frais de transaction à payer. IOTA est ainsi le premier protocole de règlement transactionnel qui permet de transmettre en P2P des valeurs en-dessous du centime sans frais de transaction.
Exécution de micro-paiements en M2M automatiquement : Grâce au développement de l’intelligence artificielle les objets connectés arrivent à communiquer entre eux et sont donc en mesure de réaliser des micro-transactions. Pour l’heure, IOTA n’a pas encore confirmé la possibilité d’avoir recours à des smart contracts comme dans le cas d’Ethereum mais rien ne semble empêcher la technologie d’offrir cette possibilité d’interaction automatisée entre les objets. L’obstacle du marquage temporel de la transaction devra cependant être lévé (dans le système Tangle, contrairement à blockchain, les transactions peuvent avoir lieu simultanément puisqu’il n’est pas nécessaire d’attendre une validation de la chaine de blocs. Ceci peut constituer un frein à l’établissement de smart contracts puisque ces derniers imposent l’antériorité d’un événement sur un autre pour déclencher le contrat [modèle du : si X … alors Y]).
Unités de mesure de la cryptomonnaie IOTA qui est une cryptomonnaie au stock borné puisque toutes les unités monétaires ont été émises.
Selon l’un de ses créateurs IOTA aurait, en outre, un double avantage :
- La technologie Tangle permettrait aussi aux consommateurs adeptes des produits connectés de s’assurer de la protection de leurs données personnelles, puisqu’il est en effet possible de stocker ces données de façon totalement décentralisées.
- Ce système va permettre également aux utilisateurs de monétiser leurs données contre des IOTA. Tout étant entièrement décentralisé, il sera possible de vendre ses données à des entreprises de façon instantanée sans qu’aucun organisme de contrôle ne mette la main sur une partie de la transaction. L’utilisateur sera alors libre de vendre ou non ses données.
Mais pour l’heure, IOTA est encore en version beta, comme le répètent ses créateurs. Pour autant, fin novembre, la fondation qui gère IOTA, a annoncé le lancement d’une plateforme d’échange et de monétisation des données issues d’objets connectés : OITA Data MarketPlace sur laquelle IOTA mettra à disposition des développeurs une API. Chaque acteur de l’industrie pourra alors contribuer au test de cette place de marché avec les données de ses capteurs. Plus de trente acteurs ont décidé de rejoindre l’expérimentation dont Orange, Engie Lab ou Schneider Electric. Par ailleurs, Sopra Steria a signé un accord de partenariat avec la fondation IOTA lui permettant d’une part d’apporter une expertise dans la sécurisation des échanges entre les objets connectés (compétence d’IOTA) et d’autre part de mettre à disposition un portefeuille clients spécialisés dans l’industrie (Sopra Steria). A terme, ce rapprochement a pour vocation de créer des synergies entre IOTA et Sopra Steria. En tirant profit de leurs savoir-faire respectifs, les deux entités ont pour objectif de développer des solutions Tangle propres à l’IoT toujours plus performantes.
Liste des partenaires de la Fondation IOTA dans le cadre de la Data MarketPlace
Enfin, le 13 juin 2017, la cryptomonnaie IOTA a intégré la plateforme internationale d’échanges de cryptomonnaies BitFinex. Son cours est évalué, au 18/12/2017 à 3,95$.
Evolution du cours du IOTA et volumes d’échange de la cryptomonnaie
Pour aller plus loin
Site Web de IOTA : https://iota.org/
Le white paper IOTA/Tangle : https://iota.org/IOTA_Whitepaper.pdf
Pour suivre l’évolution la capitalisation d’IOTA : https://coinmarketcap.com/currencies/iota/
Interview du créateur du IOTA : https://cointelegraph.com/news/iota-a-blockchain-less-gasp-token-for-the-internet-of-things
Tutoriel pour acheter des IOTA :